Bruxelles donne son feu vert à un plan de 7,9 milliards d’euros pour relancer le soutien à la biomasse et au biogaz en Allemagne, en insistant sur les brownfield, la flexibilité et les réseaux de chaleur. Pendant ce temps, la France, forte de son parc nucléaire et de ses EnR, est devenue première productrice de biométhane en Europe, mais les deux pays adoptent des modèles différents face aux urgences énergétiques et climatiques.
Berlin mise sur les appels d’offres
La Commission européenne a validé une augmentation massive du budget dédié au soutien de la biomasse et du biogaz en Allemagne. Le gouvernement prévoit ainsi 1,3 GW de capacité mise en jeu en 2025 via les appels d’offres, dont 813 MW dès la prochaine session d’octobre. Le dispositif introduit un quota réservé aux installations raccordées aux réseaux de chaleur et renforce le « bonus flexibilité » afin de favoriser une production modulable, utile en période de tension sur le réseau électrique.
Ce plan cible en priorité les 2 500 unités de biomasse et de biogaz dont les contrats de soutien arrivent à échéance. Faute de perspectives, une grande partie risquait de s’arrêter dans les prochaines années, comme l’avait récemment alerté la filière. Le nouveau cadre vise donc à prolonger la durée de vie de ces sites, en leur offrant une rémunération adaptée à condition d’ajuster leur fonctionnement : un nombre limité d’heures subventionnées et une prime plus élevée lorsqu’elles produisent aux moments où le système en a besoin.
Un rôle redéfini pour le biogaz allemand
L’Allemagne ne cherche plus à multiplier les nouvelles installations comme dans les années 2000, mais à adapter son parc existant. La priorité est désormais double : fournir une chaleur renouvelable via les réseaux de chaleur et stabiliser le système électrique grâce à une production flexible. Ce repositionnement tranche avec la stratégie française, où le tarif d’obligation d’achat de biométhane et plus récemment les Certificats de Production de Biogaz (CPB) permettent un fort développement du biométhane injecté dans les réseaux.
La France a ainsi dépassé cette année l’Allemagne en capacité installée de biométhane et occupe désormais la première place à l’échelle de l’UE.
Deux modèles énergétiques, deux priorités
En toile de fond, les choix nationaux expliquent ces trajectoires différentes. En France, l’électricité repose sur le nucléaire, déjà bas-carbone, et l’urgence est surtout de décarboner la chaleur et le gaz. D’où le soutien massif à l’injection de biométhane. L’Allemagne, elle, a dû compenser la sortie du nucléaire et reste dépendante du charbon et du gaz. Dans ce contexte, le biogaz et la biomasse apparaissent comme des sources précieuses de flexibilité pour équilibrer un système dominé par l’éolien et le solaire, tout en apportant une contribution directe à la chaleur renouvelable.
Un virage attendu par la filière
La relance du soutien à hauteur de 7,9 Md€ était réclamée de longue date par les professionnels, inquiets d’une hémorragie d’unités en fin de contrat. Si les modalités exactes – notamment le nombre d’heures subventionnées et le niveau de rémunération des bonus de flexibilité – restent à préciser, la décision de Bruxelles marque un signal fort. L’Allemagne choisit de capitaliser sur l’existant, de préserver ses 10 000 installations de biogaz/biomasse et de leur confier un nouveau rôle stratégique : non plus seulement produire en continu, mais produire au bon moment.
Sources:
Bundesnetzagentur – Informations sur les appels d’offres biomasse (plafonds tarifaires 2025).
Renewables Now – EC approves EUR 7.9bn German state aid for biomass, biogas
Clean Energy Wire – Germany can move forward with 7.9 billion euro biomass package