Référentiel des intrants français pour la méthanisation et leur potentiel méthanogène

La France s’impose comme l’un des leaders européens du biométhane, grâce à une filière structurée et innovante. Ce succès repose notamment sur sa capacité à mobiliser une grande diversité d’intrants pour la méthanisation, allant bien au-delà de la biomasse agricole. Cette richesse, rare en Europe, s’appuie sur un écosystème varié intégrant des résidus agricoles, des déchets industriels, des biodéchets collectifs, et bien d’autres ressources encore.

Pour soutenir cette diversité et répondre aux exigences croissantes de durabilité et de traçabilité, un travail collaboratif a permis la création d’un référentiel national des catégories d’intrants et de leurs potentiels méthanogènes par défaut (BMP).
Publié sous l’égide de FranceAgriMer, ce document harmonise et standardise la typologie des intrants tout en fournissant des valeurs de référence fiables. Il constitue une réponse claire aux besoins des exploitants, des auditeurs et des instances réglementaires, tout en renforçant la compétitivité de la filière sur le marché européen.

Les enjeux d’une classification harmonisée des intrants

La diversité des intrants utilisés en méthanisation en France, combinée à l’hétérogénéité des classifications existantes, a longtemps posé des défis aux acteurs de la filière. Entre exploitants, auditeurs et organismes certificateurs, des divergences apparaissent fréquemment, notamment lors des audits de durabilité imposés par la directive européenne RED II. À cela s’ajoute la difficulté d’accéder à des données fiables sur le potentiel méthanogène (BMP) des intrants, information cruciale pour optimiser les performances des installations.

La création d’un référentiel national était donc indispensable pour structurer la filière. Ce document standardise la typologie des intrants, simplifie les processus de certification et améliore la traçabilité des matières utilisées. Il permet ainsi de répondre aux exigences réglementaires tout en renforçant la transparence et la compétitivité du secteur sur la scène européenne.

Une méthodologie collaborative et rigoureuse

L’élaboration de ce référentiel a mobilisé une large gamme d’acteurs et reposé sur une méthodologie rigoureuse. Le Groupe de Travail (GT) Biogaz du Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Énergétiques (CSF NSE) a joué un rôle central dans la coordination des travaux. Ce groupe a mené une analyse approfondie des classifications d’intrants existantes, s’appuyant sur des sources telles que les schémas RED II, ISCC et MéthaSim, ainsi que sur l’annexe 10 de la Stratégie Nationale de Mobilisation de la Biomasse.

Les données recueillies ont été enrichies par des contributions de partenaires clés comme GRDF, Solagro et INRAE, ainsi que par les retours des exploitants de méthaniseurs. Le laboratoire Innolab a également joué un rôle crucial en réalisant des analyses statistiques pour attribuer des valeurs méthanogènes fiables aux intrants. Une moyenne statistique issue d’échantillons représentatifs a été calculée pour chaque catégorie, garantissant la robustesse des résultats.

Ce travail collaboratif a abouti à une typologie harmonisée, respectant à la fois les spécificités locales et les exigences des schémas européens, tout en facilitant les audits et la certification des unités de production.

Des bénéfices concrets pour la filière biométhane

L’adoption de ce référentiel représente une avancée significative pour tous les acteurs de la filière. En standardisant la classification des intrants et en fournissant des données fiables sur leur potentiel méthanogène, cet outil répond aux besoins spécifiques des exploitants, auditeurs et institutions réglementaires.

Pour les exploitants, le référentiel simplifie la gestion des intrants, optimise la production de biogaz et réduit les incertitudes liées aux audits. Les auditeurs et organismes certificateurs, quant à eux, bénéficient d’un cadre harmonisé qui limite les divergences d’interprétation et améliore la crédibilité des certifications. Enfin, pour les acteurs institutionnels, ce référentiel devient un outil stratégique pour la régulation et le suivi de la filière.

Perspectives et avenir du référentiel

L’adoption de ce référentiel marque une étape majeure, mais son potentiel ne s’arrête pas là. Pour en maximiser l’impact, une mise à jour régulière s’impose afin d’intégrer les évolutions des pratiques agricoles, industrielles et réglementaires. Cela garantira que le document reste un outil de référence pertinent pour l’ensemble de la filière.

À plus long terme, ce référentiel pourrait inspirer une harmonisation au niveau européen, facilitant les échanges transfrontaliers et renforçant la position de la France comme leader dans le domaine du biométhane. Cette coopération pourrait également encourager le développement de nouvelles solutions technologiques et de pratiques encore plus durables.


Fruit d’une collaboration rigoureuse entre institutions, experts, exploitants et laboratoires, le référentiel des catégories d’intrants et des potentiels méthanogènes constitue un tournant pour la filière biométhane française. En standardisant les pratiques et en renforçant la transparence, il répond aux exigences techniques et réglementaires tout en élevant la compétitivité de la filière sur la scène internationale.

Ce document n’est pas seulement un outil technique : il est un vecteur stratégique de la transition énergétique et de l’économie circulaire, plaçant la France au cœur de l’avenir du biométhane.

Ressources exploitées dans l’élaboration du référentiel:

  • RED III – Annexe IX ;
  • ISCC material list ;
  • Liste des catégories identifiées par la DEGC pour les Déclaration d’intrants, de durabilité et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (issue de la Stratégie Nationale de Mobilisation de la Biomasse – Annexe 10) ;
  • DIGES 2 ;
  • MéthaSim V2.0 (2021) ;
  • Projet ABILE2 (Améliorer le Bilan Environnemental d’une Exploitation par la méthanisation des déjections animales – Impact des pratiques d’élevage) : MAA, IFIP, ITAVI, Idele, INRAE, INRAE Transfert ;
  • Sys-metha_150221 ;
  • Liste des matières 2BSvs ;
  • Union DataBase (udb)

Parties prenantes:

  • FranceAgriMer
  • Groupe de Travail Biogaz du Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Énergétiques (CSF NSE)
  • Exploitants d’unités de méthanisation françaises
  • GRDF
  • Solagro
  • INRAE
  • INRAE transfert
  • Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France (AAMF)
  • France Gaz Renouvelables (FGR)
  • DIGES
  • Négociants d’intrants pour la méthanisation en France

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